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Première rencontre


 Cette année, après avoir étudié des thèmes tels que le sacrifice, les frères et sœurs, l’alliance et les repas dans la Bible, nous allons nous poser la question : « Comment Dieu parle à l’homme ? ».

Pourquoi cela ? Peut-être parce ce que ce thème représente, nous semble-t-il, une partie importante de la Bible ainsi que de nos vies de foi, de nos vies d’Eglise.
Oui, Dieu nous parle, selon les Ecritures. Cette affirmation est d’abord une interrogation ? Avant de tenter de répondre à cette question, réponse que nous allons élaborer tout au long de l’année, il faut, peut-être, apporter quelques mots en guise de préambule à ce thème afin de faciliter l’approfondissement de celui-ci par la suite.

Il va de soi que quand nous nous demandons « Comment Dieu parle à l’homme ? », il s’agit de l’homme au sens générique, incluant aussi bien l’homme, que la femme, que l’enfant. Cela est évident, par exemple, si nous regardons comment Dieu parle à Eve dans Genèse 3 ou au petit Samuel dans le troisième chapitre du livre du même nom.
De même, c’est peut-être enfoncer des portes ouvertes de rappeler que nous allons voir comment Dieu parle à l’homme selon la Bible et non pas selon d’autres livres ou d’autres traditions religieuses.
Toutefois, cette année, nous espérons faire plus de place pour le témoignage personnel et collectif. Comment Dieu me parle à moi en tant que croyant (croyant au sein d’une tradition biblique), comment nous parle-t-il en tant que communauté de croyants à la messe ou au culte par exemple (messe ou culte qui émane de cette même tradition).

Après avoir rappelé ces premiers points, peut-être faut-il se souvenir que Dieu parle vraiment à l’homme selon les Ecritures. C’est une affirmation massive de celles-ci, affirmation qui parcoure toute la Bible du livre de la Genèse jusqu’au livre de l’Apocalypse, malgré certaines périodes de silence...comme avant la ligature d’Isaac ou bien entre le prophète Malachie et les Evangiles. Les livres bibliques où Dieu ne semble pas parler sont suffisamment rares pour que les exégètes relèvent ce point comme dans le livre de Ruth par exemple où il serait question de la Providence qui agit à travers des évènements de la vie. Cette omniprésence de Dieu qui parle à l’homme dans la Bible explique, en grande partie, le choix de ce thème pour cette année. Toutefois, même si Sa Parole est omniprésente, comme le dit le livre de Job, Dieu parle :"...tantôt d’une manière, tantôt d’une autre » (Jb 33:14).
En d’autres mots, Dieu ne s’exprime pas toujours de la même manière. Ce sera notre tache de l’année de découvrir ensemble avec l’aide de notre groupe de préparation : Catherine, Didier, Georges, Madeleine et Marie-Odile ces différentes façons de Dieu de parler. Il faudrait savoir, cependant, que même à la fin de l’année nous n’aurons fait qu’effleurer ce sujet, car, comme pour tous les grands thèmes bibliques, on pourrait passer une année entière sur chacune de ces façons. Celles et ceux qui voudront, pourraient continuer à poursuivre ce thème avec des lectures par la suite.

L’importance de ce thème soulève aussi d’autres questions qui méritent d’être relevées avant d’entrer dans le vif de l’étude : celle, peut-être, de la confiance. Dieu parle à l’homme selon la Bible mais est-ce que cette Bible est digne de confiance ? Peut-on faire confiance aux Ecritures ? Cependant, si Dieu nous parle, c’est peut-être un prérequis pour pouvoir entendre cette parole, de pouvoir faire confiance à celle-ci. On connaît, bien sûr, ces scènes bibliques où certains reconnaissent la réelle manifestation de Dieu et d’autres non (Jean 12 : 28-30, Actes 9:7)...
Cette question de la confiance, de la foi (car les mots se rapprochent dans les langues bibliques) pour pouvoir entendre Dieu nous parler, est peut-être d’autant plus importante dans un monde, surtout en Europe de l’ouest, qui manifeste une véritable défiance vise à vis des Eglises et peut-être aussi des écrits qui les animent, défiance qui serait, à mon sens, à l’origine de ce phénomène qu’on appelle la déchristianisation. Cette confiance se rapproche aussi de ce qu’Anselme de Cantorbéry, le célèbre théologien du 11ème siècle, appelait l’intelligence de la foi : le fait que, pour dire les choses simplement : il faut avoir la foi pour découvrir davantage de choses sur Dieu...concept si important chez certains théologiens par la suite comme Karl Barth. Dans le même esprit, on peut dire qu’il faut faire confiance lorsque Dieu nous parle pour entendre Sa voix. Est-ce que nous avons, en tant que communauté, est-ce que moi j’ai, en tant qu’individu, cette confiance ? C’est celle des Apôtres qui entendent la voix de Dieu leur parler à travers le Christ en disant « C’est Moi n’ayez pas peur » (Matthieu 14:27). C’est une question importante que notre étude de cette année va nous inciter à poser.
De cette manière, quand nous disons : comment la Bible parle aux hommes, on va aussi, comme nous l’avons dit, se poser la question : nous entendons ces paroles en tant que membres des églises, en tant que personnes croyantes...? De cette façon, nous allons pouvoir réfléchir à ces sujets, peut-être de manière plus actuelles que nous l’avons fait les années précédentes (les actualisant par rapport à nos vies et aussi par rapport au monde qui nous entoure) afin que, si on le souhaite, si on leur prête confiance, comme le veut une formule liturgique : les Ecritures deviennent Parole de vie pour nos vies, Parole de vie pour ma vie.

Et peut-être, tout est là...Dieu parle à ceux qui Lui prête confiance, à ceux qui Lui prête foi...Ainsi, peut-être Il nous ressemble ou plutôt nous Lui ressemblons. Nous aussi nous parlons à ceux qui nous écoutent...à ceux qui nous prêtent confiance... Cela ne veut pas dire, bien sûr, qu’on soit obligé de croire la Bible au pied de la lettre. Comme l’a souligné le travail oecuménique du prêtre Jean-Pierre Bagot et du pasteur Jean-Claude Dubs :

« La Bible n’est pas un livre de sciences naturelles », ni un livre « d’Histoire universelle », ni même une « Histoire d’Israel au sens où nous entendons l’Histoire ». Elle n’est pas non plus « un cours systématique de religion ou de morale ». Mais elle est « un livre de souvenirs » grâce auxquels « les humains peuvent comprendre leur destinée », « une interprétation de l’Histoire », « une histoire d’amour », « un livre religieux qui diffère de tous les autres », « un Livre qui propose de reconnaître Dieu dans notre histoire concrète » et enfin « une lumière sur notre route. » (d’après « Pour lire la Bible » pp. 11-15).

Ainsi, c’est avec discernement que nous pouvons étudier celle-ci en reconnaissant les différents livres bibliques pour ce qu’ils sont...des livres écrits par des hommes, mais des hommes inspirés (si on veut bien leur prêter confiance) par Dieu. De même, pour rejoindre cet aspect subjectif dont nous avons parlé, nous pouvons user de notre propre expérience de ce livre : mettre à contribution les fruits, non seulement de nos études mais aussi de nos vies de foi, aspect subjectif qui rejoint les études théologiques du moment comme dans l’histoire de l’Église qui, depuis quelques années, s’intéresse non pas seulement aux grands mouvements historiques de la théologie comme les premiers temps de l’Eglise ou des réformes mais qui s’intéressent aussi au « petites histoires » des gens « ordinaires » sachant, toutefois, qu’il n’y a pas de gens ordinaires « aux yeux du Seigneur ». Cette démarche rejoint celle de la Bible qui est faite de grandes fresques théologiques comme celle de l’Exode ou du jour de la Pentecôte mais aussi d’histoires de petits personnages bibliques : la femme samaritaine, la veuve de Sarepta etc.

Mais revenons à notre soirée. Comme vous avez lu dans votre invitation, ce soir nous allons étudier « Comment Dieu parle à l’homme ? » à travers les passages bibliques suivants :

Genèse 1 à Genèse 2,4
Exode 3:1-5
1 Rois 19, 9-18
Psaume 8
Marc 2, 23-28 et Marc 4, 1-9

Ce sont les passages bibliques qui ont été choisis pour défricher le terrain de l’étude en quelque sorte. Comme pour les années précédentes vous allez réfléchir en groupe avec l’aide des membres de l’équipe de préparation. Puis vous allez restituer les fruits de votre réflexion auprès de la grande assemblée.

En ce qui me concerne, j’aurai trois questions à vous poser : Est-ce que vous voyez un lien entre ces passages ? Comment Dieu parle à l’homme dans ceux-ci ? Comment Il me parle/nous parle dans ceux-ci ?

Tous ces textes ont trait à la nature en tant que manière dont Dieu parle à l’homme.
 

Dans le récit de la création, Genèse 1 … Genèse 2, 4 « Dieu dit … » Dieu parle et sa parole est active.
Genèse 1, 11-12 « Que la terre se couvre de verdure … arbres fruitiers ... »
- Dieu parle et crée un cadre au tout début
- Il y a cette beauté de la nature et une gratitude devant la création
- Une exubérance de la nature dont on ne peut que se réjouir
- Mais que fait l’homme de cette nature ?
La dominer, en prendre soin, cultiver le sol tel un jardinier (jardin bien entretenu) ?
- MAIS c’est à l’homme de choisir librement de ce qu’il en fait
- Dieu fait confiance à l’homme
- L’homme peut aussi la détruire, la robotiser (ex : industrialisation à l’excès)
- un équilibre est indispensable à trouver. On ne peut cependant maîtriser des paramètres comme le gel, la grippe aviaire … etc …
Nous n’avons pas parlé de la semence. C’est pourtant un élément central concernant la vie ;

Genèse 1, 26-27
 L’homme, la femme, l’enfant sont TOUS créés à l’image de Dieu. Cela revient à dire que toute l’humanité est à son image. Dieu nous a donné le souffle de vie.
 Pourquoi Dieu nous a-t-il créé ainsi ?
Peut-être pour que nous soyons co-créateur, peut-être pour que nous devenions Dieu lui-même
Le fait que l’humain soit à l’image de Dieu est troublant ; il est associé au plan de Dieu
Dieu nous fait confiance. En sommes-nous dignes ?

Voltaire a dit : « Dieu a fait l’homme à son image et il le lui a bien rendu !!!! »

1 Rois 19, 8-19
 Élie vécut après le règne de Salomon, en une période d’abondance. Le roi Achab, la reine Jézabel et le peuple oublient Dieu, ils se tournent vers les idoles et le dieu baal. La mission d’Elie est difficile. Elie est fatigué, découragé. Un ange lui donne à manger. Elie marche pendant 40 jours et 40 nuits jusqu’à l’Horeb, comme Moïse avant de recevoir la parole de Dieu. Elie se réfugie dans une grotte pour dormir.

 Nous avons été étonnés par la répétition : au verset 9 :" La Parole du Seigneur lui fut adressé : "Pourquoi es-tu ici Elie ? " et au verset 13 : "Une voix s’adressa à lui : "Pourquoi es-tu ici Elie ? "
Qui est cette voix ? La voix du Seigneur ? La conscience d’Elie ?

- Elie fait exactement la même réponse aux versets 10 et 14 :
« Je suis rempli de zèle pour le Seigneur, le Dieu de l’univers : les fils d’Israël ont abandonné ton alliance, ils ont démoli tes autels et tué tes prophètes par l’épée ; je suis resté moi seul, et l’on cherche à m’enlever la vie. »
Elie, fidèle, zélé pour le Seigneur est découragé, il n’en peut plus.
- Réponse du Seigneur au verset 11 : « Sors et tiens-toi sur la montagne, devant le Seigneur ; voici, le Seigneur va passer. » 
Le Seigneur n’est ni dans le vent violent, ni dans un tremblement de terre. Elie reconnaît le Seigneur dans une brise légère, alors il se voile la face avec son manteau.

- Réponse du Seigneur au verset 15 : « Va, reprends ton chemin en direction du désert de Damas … »
Elie reçoit la mission d’oindre de nouveaux rois et Elisée pour lui succéder comme prophète.
La vie continue, d’autres vont prendre le relais.
Malgré la douceur de la brise légère, le Seigneur annonce des tueries, mais sept mille hommes seront épargnés : « tous ceux dont les genoux n’ont pas plié devant les dieux Baal et dont la bouche ne lui a pas donné de baisers. » verset 18

- Ce texte est d’actualité. A notre époque, des chrétiens sont persécutés, des églises sont profanées. Il y a des catastrophes naturelles, des ouragans, des cyclones, des inondations, des tremblements de terre, des feux ... et aussi des brises légères. Savons-nous entendre Dieu dans la brise légère ? Savons-nous l’écouter ? Le voulons-nous ?

Il faut avoir la foi pour découvrir Dieu dans les Ecritures, Dieu, Parole de Vie, de la Vie.

Exode 3, 1-6
Ce texte a été écrit après l’exil à Babylone, au retour de la déportation, alors qu’à Jérusalem le temple qui a été détruit n’est pas encore reconstruit. Se pose la question : quel lieu pour prier ?

Moïse passe de l’autre côté du désert, il se déplace, effectue en quelque sorte une traversée du désert, c’est ce qui est suggéré ici.(v1)
L’ange de YHWH qui parle, c’est Dieu qui s’exprime. (v2) L’ange apparut à Moïse : c’est le même mot qui est employé à la résurrection : Il leur apparut. Ce n’est pas « il vit ».
Moïse se déplace pour voir ce qui se passe. (v3) le Seigneur le voit et l’appelle (v4).
Ce lieu est une terre sainte : Dieu est là, l’endroit est saint. (v5) Quand Dieu sera parti, cet endroit sera un lieu comme un autre ; c’était ainsi pendant la traversée du désert avec la tente de la rencontre : quand les hébreux partaient et rangeaient la tente, le lieu redevenait quelconque. Dieu ne définit pas sa relation à l’humain à travers un lieu (fût-il le Temple) mais à travers une relation personnelle : celui qui parle c’est Dieu. « Moi, le Dieu de ton père, le Dieu d’Abraham, le Dieu d’Isaac, le Dieu de Jacob » (v6). Il est le Dieu de chaque personne. La relation Dieu est avant tout personnelle avant d’être celle d’un peuple, et c’est le rassemblement des personnes faisant cette expérience de Dieu qui constitue l’Eglise (Ecclésia = assemblée)

Avec le buisson ardent, il y a une sorte de mise en scène : Moïse reconnaît Dieu et alors il se cache la face : on ne peut pas voir Dieu et vivre : sur le chemin de Damas Paul verra Dieu et deviendra aveugle.
Comme avec l’ Ange du Seigneur qui est expression de Dieu, Dieu nous parle personnellement (sans avoir à mourir ou devenir aveugle !) : on le « ressent » devant un beau paysage, des montagnes grandioses, dans le désert, ou simplement dans notre chambre en priant.

Les textes de Marc nous ont paru courts et plus directs. Nous sommes amenés en tant qu’urbains à nous mettre dans le contexte d’une parabole prononcée dans la nature. Ces images parlent elles encore ?

Marc 2, 23-28
Le thème du champ de blé, dont les disciples froissent quelques épis un jour de sabbat, permet à Jésus de donner une juste place aux nécessités vitales (La faim des hommes) sans pour autant négliger de rendre grâce à l’auteur des réalités naturelles.
Il s’agit d’agir en toute liberté et non seulement pour se conformer à un règlement moral ou rituel. Le maître du Sabbat n’est pas le surveillant des hommes et le regard de Dieu sur nous n’est pas un jugement mais un appel à nous comporter en toute liberté, quitte à nous démarquer d’une vie sociale qui néglige trop souvent les obligations spirituelles pour privilégier nos occupations de loisirs ou nos préoccupations matérielles envahissantes. « Le sabbat a été fait pour l’homme et non l’homme pour le sabbat » verset 27.

Marc 4,1-9
La première partie de la Parabole du Semeur met l’accent sur Jésus et la profusion du don ou de l’enseignement plutôt que sur les modalités de leur réception. La place de Jésus dans une barque sur un lac est soulignée, pour se faire mieux entendre quelque soient les situations des auditeurs : pierre, épines, bonne terre, comme pour les graines du semeur.
Nous pouvons progresser dans notre écoute et peut-être être stimulés par les épines ou les difficultés rencontrées, nous réjouir aussi de ce que nous recevons des autres plus réceptifs à la Parole. Nous sommes invités à ne pas laisser se dessécher les dons reçus et peut-être à faire des réserves pour faire face à l’adversité.

Conclusion

A travers ces différents passages bibliques, nous avons découvert qu’à travers le premier récit de la Création dans le livre de la Genèse, Dieu nous parle en nous interrogeant sur la manière dont nous gérons Sa Création. Sommes-nous de bons ouvriers ?
Puis, à travers l’histoire du prophète Elie dans le livre des Rois, Il nous rappelle qu’Il peut nous parler à travers la nature, par la douceur de certains évènements naturels : celle d’une brise légère par exemple. A travers le livre de l’Exode, nous nous rendons compte que les éléments de la nature : un beau paysage, une montagne grandiose peuvent nous parler, comme le buisson ardent, nous faisant « ressentir » personnellement la Présence de Dieu.
Enfin, l’Evangile de Marc nous rappelle que la nature n’est qu’une manière par laquelle Dieu peut nous parler, que ce qui compte véritablement est le sens derrière les images de la nature que la Bible utilise : les épis de blé, les épines, les graines etc.

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